Depuis que Nos Chasses de Migrateurs existe, nous vous parlons chaque printemps de la reproduction des appelants. S’il est difficile de renouveler chaque année les informations relatives à la saison des amours, les articles parus sont de véritables mines d’informations. Donc, nous avons décidé de nous en servir pour vous proposer un petit guide bien pratique, reprenant, point par point, tous les aspects de cette période cruciale.
Derrière chaque sauvaginier ou presque, se cache un éleveur amateur… Ils ont tous leurs astuces, leurs « marottes », leurs façons de faire et des avis différents. Cependant, il est des bases immuables à respecter pour réussir une saison de reproduction au moins correcte. Au moment où vous tenez ce magazine dans les mains, les espèces « exotiques », les grosses hybrides, les colverts et même peut-être les cendrées ont déjà commencé leur ponte… Cependant, avril est le véritable premier mois de la saison des amours pour la plupart de nos sauvagines européennes… Il est donc encore temps de fignoler les installations et de corriger le tir en cas d’erreur… Pour ce, suivez le guide !
Conditions 2022 – Un hiver doux et un printemps pour le moment clément laissent à penser que la saison des amours 2022 sera plutôt bonne. Tout peut encore se dégrader et ainsi me faire mentir, mais pour le moment, tous les voyants sont au vert !
Hygiène et santé des oiseaux – Des oiseaux sains reproduiront mieux que des oiseaux malades ou mal entretenus. La repro se prépare donc toute l’année en fournissant à nos compagnons des conditions de vie adéquates. Cependant, il apparait opportun de vermifuger l’ensemble du parc avant la ponte. Il en va de même pour des oiseaux souffrants qui devront être soignés avant d’entrer dans le cycle de reproduction. Pendant la saison des amours, les parcs doivent être encore plus propres que d’habitude. Le calme doit régner donc, ce n’est pas le moment des grandes chevauchées, épuisette à la main ou de laisser courir des nuisibles à proximité des installations. L’eau doit être propre et renouvelée le plus souvent possible. Les connaisseurs vous diront d’ailleurs que les anatidés profitent de l’eau propre pour convoler en justes noces. Ceci est la base de toute reproduction réussie ! Notez que nous n’évoquerons pas ici la sélection des oiseaux, car en avril, c’est déjà un peu trop tard… Cependant, si vous constatez qu’un mâle est trop vigoureux, qu’il provoque des bagarres ou qu’il abime certaines canes, n’hésitez pas à l’écarter. Dans un petit parc avec sa favorite, il n’aura plus la tentation de faire courir les demoiselles ne lui appartenant pas.
L’aliment repro n’est pas indispensable, mais il est fortement conseillé !
Alimentation – Voilà un aspect qui divise bien des éleveurs ! Certains ne veulent pas entendre parler d’aliment repro, alors que d’autres ne s’en passeraient pour rien au monde. Personnellement, il m’est impossible de ne pas distribuer une alimentation adaptée pendant cette période. Un bémol tout de même : l’alimentation repro ne stimule en rien les mâles. Ça ne les chauffe pas, comme aiment à penser et dire certains !
« L’aliment reproduction porte mal son nom, nous disait Laurent Moreau, Directeur commercial de l’enseigne Sauvag’in il y a 4 ans dans ces mêmes colonnes. La différence avec l’aliment entretien est que le repro couvre en plus des besoins d’entretien les besoins dit d’exportations. En l’occurrence pour les canes, il s’agit de l’œuf. Il aide juste les femelles à ne pas puiser dans leurs réserves et à passer ce moment dans de bonnes conditions. Vous aurez alors de plus jolis oiseaux en sortie de période des amours, des calibres d’œufs plus réguliers, et des canes en pleine forme. »
Les marques sont pléthores sur le marché ! Choisissez celle que vous voulez en évitant les produits « bon marché » souvent pauvres. Quant aux compléments à la mode depuis deux ou trois ans, il vous appartient également de vous faire un avis par vous-même. Au départ assez circonspect, je constate tout de même que chez certains éleveurs, ils ont quelques bienfaits, notamment sur des oiseaux un peu « affaiblis » par la chasse, les parasites ou les maladies.
Enfin, répondons à la question que de nombreux sauvaginiers se posent à savoir Quand commencer la distribution de l’aliment reproduction ? Selon moi, il est déjà un peu tard (il vaut mieux tard que jamais), puisque je commence dès le 1er mars pour les espèces exotiques et au 15 mars pour les oiseaux européens… D’ailleurs, à ces mêmes dates, j’ouvre les parcs pour que les oiseaux puissent aller à l’herbe, et je place les nichoirs.
Les nichoirs – Si certaines espèces comme les colverts et les cendrées nicheront n’importe où et dans n’importe quoi. D’autres espèces sont plus capricieuses. Champion des casse-pieds : le siffleur ! Madame « Penelope » n’aime pas pondre sur un support, donc il faut privilégier les nichoirs sans fond. Voilà pourquoi certains éleveurs utilisent des regards en béton.
« Ces nids peuvent correspondre aux attentes des pilets et des chipeaux, nous expliquait un éleveur il y a quelques années. Les sarcelles peuvent également nicher dans ces boites en béton, mais préfèrent souvent les nichoirs à chicane en bois. En effet, ces oiseaux nerveux ont un sentiment accru de sécurité à l’abri dans leur chambre de ponte agrémentée d’un peu de foin. Les nichoirs à chicane permettent également à la cane de repousser un nuisible ou un mâle trop entreprenant, plus facilement. »
Concernant les souchets, c’est plus simple puisque dans 90% des cas, les canes boudent les nichoirs et leur préfèrent les herbes hautes… Attachez-vous tout de même à ne pas faire quand vous marchez dans vos parcs…
Quelques éleveurs disent qu’il faut placer les nids à l’abri des vents porteurs. Pourquoi pas, mais je n’ai jamais constaté chez moi de choix de nichoirs par les canes en fonction du vent. J’ai cependant remarqué une chose intéressante : quand le premier œuf du chapelet est prêt à sortir, c’est souvent la température extérieure qui détermine le choix du lieu de ponte. A l’ombre quand il fait très chaud et au soleil quand les températures sont basses ; plutôt logique non ?
Une couveuse permet de sauver les « accidentés » !
Suivi de la ponte – Suivre la ponte n’est pas une obligation, mais cela optimise les résultats. J’ai pris pour habitude de numéroter les nichoirs, non pas que je sois un maniaque des chiffres, mais pour suivre aisément les pontes et les éclosions,Suivre les pontes est l’un des petits détails qui vous permettront de réussir. Tous les deux jours, à heure fixe, j’effectue le tour des nichoirs et note soigneusement le nombre d’œufs présents dans chacun d’eux. Ainsi, je peux constater les arrêts de ponte ou les pontes multiples dans un seul et même nichoir. C’est bien pratique pour agir rapidement.
Couveuse – Rien de bien nouveau sous le soleil ou plutôt sur le marché des incubateurs.De plus mon avis n’a pas changé en un an… Rappelez-vous, j’écrivais en 2021 :« s’il est une chose dont je ne me passerais jamais pendant la repro, c’est bien d’une couveuse. En effet, grâce à ces machines, il est possible de pallier tous les accidents pouvant survenir pendant la repro. Il faut cependant que la machine soit fiable, donc oubliez tout de suite les chinoiseries à bas prix, tantôt auto-cuiseuses, tant réfrigérateurs…La température d’incubation pour tous les canards est de 37,5°. Concernant le taux d’humidité, il doit osciller autour des 45%, mais cela dépend du taux d’humidité de la pièce dans laquelle la couveuse est installée. Evidemment, dès que les œufs sont légèrement fissurés ou que via un mire-œuf – votre meilleur ami pendant la repro – je vois que la tête du caneton est dans la poche d’air, je stoppe le retournement et place les œufs dans un panier d’éclosion. »
Attention tout de même à bien vérifier que les réglages de la couveuse soient bons avec un appareil de qualité. Les surprises sont nombreuses, même avec des incubateurs de bonne qualité.
Arrivée des canetons –Enfin ! Vous avez bien travaillé et les canetons sont là ! Pendant 12 ou 24 heures, laissez ce petit monde en paix que ce soit sous la mère ou en éclosoir. Ensuite, soit vous laissez les petits à la mère en plaçant tout ce beau monde dans un parc séparé (avec bassin peu profond, abreuvoir et alimentation adaptée aux jeunes), soit vous mettez les jeunes en éleveuse sous lampe chauffante. Je vous confesse préférer le second choix qui, bien que plus contraignant, engendre une meilleure réussite.
Des canetons toujours au chaud !
Elevage des canetons – Les sauvaginiers ayant choisi de laisser les petits à leur mère n’ont pas grand-chose à faire hormis surveiller que tout se passe pour le mieux, donner à boire et distribuer de la nourriture. Une fois les premières plumes arrivées, il est opportun d’enlever la cane, surtout pour ceux désireux d’obtenir une seconde nichée. Pour les autres, les consignes ci-dessous, rédigées en 2020, sont de mises…
« Il faut veiller à ce que la lampe offre assez de chaleur à ces oiseaux fragiles. Les trois premiers jours sont les plus critiques. Si, votre pièce d’élevage est trop froide, ou assujettie aux courants d’air, placez les canetons au sein de la maison, dans une caisse de transport chauffée par une ampoule classique (75W à filaments), pendant 3 à 5 jours. Ensuite, vous pourrez mettre les jeunes dans une éleveuse classique. Veillez à ce que les oiseaux aient toujours de la nourriture accessible et de l’eau propre en permanence. Privilégiez, si vous le pouvez, des petites quantités à renouveler régulièrement, car les canards gaspillent et salissent tout très rapidement. Au bout de 10 jours, baguez les oiseaux et placez-les dans une éleveuse plus grande. C’est d’ailleurs le moment de passer du 1er âge au 2ie âge. Dès que les premières plumes apparaissent sur les ailes, vous pouvez les mettre dehors, de jour comme de nuit, en veillant à ce qu’ils ne manquent de rien et en leur fournissant un bassin adapté à leur petite taille. »
Si vous suivez l’ensemble des règles de base que contient cet article, vous devriez réussir votre saison de reproduction. C’est d’ailleurs ce que je vous souhaite ! Bonne saison des amours 2022 et à l’an prochain pour une version actualisée de ce guide !
André Michelet
À découper et conserver – Informations utiles
Espèce | Date de ponte | Nombre d’œufs | Temps d’incubation |
Canard colvert | Dès la fin de l’hiver | 12 et + | 28 jours |
Sarcelle d’hiver | Avril à juin | De 8 à 10 | 21-23 jours |
Siffleur d’Europe | Avril à fin juin | De 6 à 10 | 25 jours |
Pilet d’Europe | Avril et mai | De 7 à 12 | 22-24 jours |
Canard chipeau | Avril et mai | De 8 à 12 | 24-26 jours |
Canard souchet | Avril et mai | De 8 à 12 | 22-23 jours |
Fuligule milouin | Avril-mai-juin | De 5 à 12 | 27-28 jours |
Oie cendrée | Avril – mai | De 4 à 9 | 27-29 jours |
Oie rieuse | Mai – juin | De 5 à 7 | 27-28 jours |
Oie des moissons | Mai- juin | De 4 à 6 | 27-29 jours |